Quel avenir pour le projet européen?

04 February 2022 | Future of Europe, Publications

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Find the original version (in French) here: HL196-Monde-5.-Quel-avenir-pour-le-projet-europeen.pdf (ldh-france.org)

Alexandrina Najmowicz est secrétaire générale du Forum civique européen (FCE), réseau composé d’une centaine d’associations et d’ONG européennes œuvrant pour la démocratie et les libertés associatives en Europe. Elle revient ici sur les enjeux de la Conférence pour l’avenir de l’Europe, où elle siège, dans un contexte très éloigné des moments fondateurs du projet européen.
L’Europe s’est construite autour d’une promesse de paix, de liberté, de bien-être et de démocratie. Où en est-on du projet européen?

Les démocraties européennes d’après-guerre ont tiré leur légitimité de l’amélioration des conditions de vie et du développement de l’Etat providence, pour davantage d’égalité. Aujourd’hui, le socle commun des valeurs de démocratie, d’égalité, de solidarité et d’Etat de droit vacille. La mondialisation a eu comme conséquences une croissance des inégalités, des précarisations, une invisibilisation des besoins de populations entières. Elle met en compétition l’accès aux droits et aux services, sans mécanismes liés de protection, alors qu’elle crée des situations massives de vulnérabilité.

En même temps, avec l’intensification de l’intégration européenne, les processus démocratiques sont mis au défi d’un système de gouvernance opaque, tant il implique niveaux et institutions pour décider des politiques publiques. Le fossé démocratique s’est creusé malgré les contre-pouvoirs introduits dans le traité de Lisbonne, comme le rôle accru des Parlements européens et nationaux et la mise en place d’un dialogue civil… largement resté lettre morte.

Si l’on regarde du côté de l’Europe centrale, trente ans après la chute du mur de Berlin, beaucoup de personnes sont restées sur le bas-côté de la route, le succès des uns s’étant construit sur l’échec des autres. Dans ces pays, la transition s’est accompagnée d’une migration massive, d’une dépopulation et d’une fuite des cerveaux. Dans plusieurs pays, la consolidation démocratique est en recul, avec des gouvernements qui remettent en cause la démocratie libérale et les normes de l’Union européenne (UE).

Plus généralement, tous ces facteurs ont contribué à une délégitimisation progressive d’une démocratie qui ne répond pas aux besoins de protections collectives, du fait des dérégulations dépouillant les Etats de leur pouvoir d’agir social – sauf peut-être pour les économies les plus fortes.

La promesse européenne de démocratie et de bien-vivre partagé est bien entendu minée par tout cela. Mais les espaces nationaux ne sont pas une alternative, tant ils sont également rongés par les inégalités et les insécurités sociales.

 

Comment expliquer le désenchantement spécifique vis-à-vis de l’UE?

La crise de l’euro du début 2010 a sûrement été un tournant. Elle s’est déclenchée alors que l’UE avait unifié l’espace économique,
financier, et largement l’espace monétaire, avec l’euro. Mais l’essentiel du poids de la gestion des conséquences sociales des difficultés économiques était resté au niveau national. Plusieurs pays ont alors été fortement touchés, pays qui avaient une vision de l’Union européenne comme espace de solidarité. Cette fois-là, la réponse européenne n’a pas été de cette nature. Cela s’est vu jusqu’à la caricature avec l’austérité punitive imposée par l’UE à la Grèce, qui a exposé une part considérable de sa population à la pauvreté et à une charge de dette publique sur le long terme.

Celle-ci pèsera pendant des décennies, en limitant le financement de la santé, de l’éducation, du logement… Il en a été de même avec l’Italie, pays où le sentiment d’adhésion à l’Union européenne était le plus fort, sentiment qui, en quelques mois, s’est considérablement inversé.

On doit aussi comprendre les polarisations électorales dans plusieurs pays, entre le vote des grandes villes et celui du reste du territoire, comme traduisant l’opposition entre ceux qui se sentent exclus et ceux qui trouvent leur place dans le modèle de développement de l’UE. Donc, je dirais que les désenchantements viennent d’une part du sentiment de ne pas être dans le bon wagon pour bénéficier de la richesse européenne, et d’autre part d’un changement de perception de l’UE comme espace de solidarité.

 

Le cadre général n’a-t-il pas changé, avec la pandémie ?

Oui, et non. La diversité des réponses aux effets de la crise, selon le moment, le pays, le sujet, les difficultés ressenties, fait qu’il n’y a pas de réponse unique à cette question. D’une part, la gestion de la crise par de nombreux gouvernements et l’Union européenne a traduit une autre façon de considérer le rôle de l’Etat. Le Pacte de stabilité et de croissance a été suspendu, la Banque centrale européenne a créé les financements massifs permettant aux Etats membres d’intervenir comme jamais en matière de protection et de solidarité, rompant avec les permanences de l’austérité.

«Les désenchantements viennent d’une part du sentiment de ne pas être dans le bon wagon pour bénéficier de la  richesse européenne, et d’autre part d’un changement de perception de l’UE comme espace de solidarité.»

D’autre part, la pandémie de Covid-19 a montré toutes les failles de nos sociétés inégalitaires, d’économies et de démocraties fragiles. Elle a une nouvelle fois illustré comme tout est lié, et en particulier comme les vulnérabilités s’entrecroisent, s’additionnent, s’accroissent, cette fois à partir d’un déclencheur « santé», touchant à la démocratie et aux moyens de vivre, au droit à la santé et à la vie sociale. On a vu combien celles et ceux en marge se sont trouvés hors des politiques publiques.

Si les inégalités entre pays de l’Union européenne sont restées considérables tout au long de la crise de la Covid, même pour l’accès aux vaccins, les réponses concrètes apportées par les politiques publiques n’ont rien eu de comparable avec celles prises lors de la crise de l’euro, dix ans plus tôt.

Si, avant le déclenchement de la Covid, la discussion sur le budget européen pour 2021-2027 portait sur sa baisse par une diminution des politiques de solidarité entre pays, elle a abouti à un montant équivalent, augmenté de l’inclusion d’un endettement européen commun pour financer des investissements dans des secteurs dits «d’avenir », qui iront pour l’essentiel en aide au secteur privé. Par contre, rien n’a avancé sur le volet redistribution, cohésion sociale, vulnérabilités… Alors que les insécurités sont structurelles pour des pans entiers de la population.

Le projet européen reste déséquilibré, mutualisant l’espace économique, financier et monétaire pour la production et la concentration des richesses et laissant aux pays les conséquences sociales de celles-ci, à chacun de gérer selon les moyens qu’il y affecte. Ainsi, l’approche des associations, des syndicats, des mouvements sociaux va continuer à mettre au centre de la réflexion collective sur l’avenir de l’Union européenne les enjeux des relations entre le social, l’économique et le politique, pour une société inclusive et un développement durable.

 

Cet «avenir de l’Europe» se discute dans une Conférence dont vous êtes une des rares membres siégeant au titre des associations. Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?

La plénière de la Conférence où je siège, qui devra faire des propositions sur l’avenir du projet européen, est composée de quatre-cent-cinquante membres, pour la plupart des parlementaires européens et nationaux et des institutions européennes, avec cent-huit citoyens (panels de citoyens européens), douze organisations de partenaires sociaux et huit organisations de la société civile.

La Conférence, lancée en mai 2021, vient à un moment que les associations et syndicats jugent critique pour le projet européen. Il faudrait qu’elle apporte des changements réels et des résultats concrets qui contribuent à rétablir la confiance des citoyens envers l’Europe, qui leur donnent la certitude qu’ils ont leur mot à dire–tant individuellement et collectivement – sur les décisions qui affectent leurs vies et permettent le vivre-ensemble dans des sociétés inclusives.

Comme je le disais tout à l’heure, dans nos sociétés, nombreux sont ceux et celles qui se sentent laissés de côté, se sont éloignés du politique, et pensent que la démocratie ne les entend plus. Le court-terme de la Conférence sur l’avenir de l’Europe ne pourra pas renverser cette tendance. Néanmoins cela pourrait permettre aux institutions d’entendre les réalités vécues par les citoyens et citoyennes, entendre que l’avenir commun ne peut reposer que sur des politiques qui renforcent les sécurités, les systèmes de protection.

Jusqu’à maintenant les outils mis en place pour cet exercice délibératif ne sont pas à la hauteur des ambitions. La plateforme multilingue de consultation en ligne a reçu à ce jour environ trente-six-mille contributions–ridiculement peu, au vu de l’objectif d’une large participation citoyenne à la réflexion collective. Pour l’essentiel ce sont les milieux pro-européens ou nationalistes/identitaires/anti-migrants qui déposent des contributions. On ne voit pas comment les quatre panels de deux-cents citoyens tirés au sort, chargés de faire des propositions discutées dans la plénière de la Conférence, pourraient seuls porter les questionnements des citoyens et citoyennes. Tel que le processus a démarré et se déroule, rien ne permet d’être optimiste.

 

Pourquoi cette faible présence de la société civile ?

Nous sommes confrontés à un risque majeur, une réalité à laquelle nos organisations sur le terrain doivent faire face chaque jour. Ceux qui doivent lutter au quotidien pour accéder à leurs droits et ceux dont les droits sont niés restent à la périphérie de ces processus, silencieux, invisibles et désillusionnés par une société de relations inégales. Ils ne sont pas en situation de s’emparer du débat en cours.

«Parce qu’elles regroupent des dizaines de millions de membres, les associations et syndicats pourraient porter, dans la richesse de leurs diversités, des préoccupations et des propositions qui viennent des réalités qu’ils et elles constatent.
Mais sans mécanisme propre pour un dialogue civil et social les impliquant directement, il est difficile d’être optimiste.»

Et ceux qui sont mieux insérés dans la société ne sont pas spontanément motivés pour participer à un débat public qui est présenté comme portant sur le fonctionnement des institutions plus que sur tout autre chose. De plus, il est difficile de comprendre à ce jour comment les contributions des citoyens seront prises en compte et quels seront le champ des propositions retenues et l’impact de cette délibération. Ce manque de lisibilité traduit l’absence de motivation des institutions elles-mêmes. Il n’encourage pas à une large participation populaire.

Parce qu’elles regroupent des dizaines de millions de membres, les associations et syndicats pourraient porter, dans la richesse de leurs diversités, des préoccupations et des propositions qui viennent des réalités qu’ils et elles constatent. Là encore, difficile d’être optimiste alors qu’il n’y a pas de mécanisme propre pour un dialogue civil et social les impliquant directement.

En opposant l’individu, qu’elles glorifient, au collectif, qu’elles ignorent ou dénigrent, les institutions européennes et nationales se privent de l’outil crucial qu’est la société civile organisée, pour construire ce qui peut faire société. Cette approche ne fait que renforcer l’autoritarisme et un populisme qui aujourd’hui est souvent réactionnaire, prônant des identités qui excluent, au lieu d’inclure. Le rétrécissement de l’espace civique et démocratique traduit cette dérive dont presqu’aucun pays européen n’est aujourd’hui à l’abri.

Sommes-nous donc dans une impasse totale ?

Afin de contrer cette dynamique, les réseaux européens de la société civile se sont réunis en Convention pour la Conférence sur l’avenir de l’Europe et travaillent ensemble à une vision partagée de l’avenir fondée sur une société socialement juste, féministe, durable, démocratique et inclusive.

Les associations, qui ont été en première ligne pendant la crise, proches de nos communautés et de ceux qui souffrent, sont motivées par ce qu’elles font. La pandémie nous enseigne l’immense valeur de la solidarité et du bien commun qui sont au centre du travail associatif. Si la Conférence n’est pas apte à prendre en compte cet apport de la société civile européenne, sa seule existence a au moins produit un effet positif, en nous aidant à travailler ensemble sur des enjeux transversaux, au-delà des thèmes et champs particuliers que chacune de nos organisations couvre au quotidien.

Si les temps ne sont pas faciles – inutile de faire semblant de ne pas le voir–, il est impensable de baisser les bras !

Propos recueillis par Jan Robert Suesser, coresponsable du groupe de travail LDH «Europe»[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_tta_tabs][vc_tta_section title=”Onglet 1″ tab_id=”1644254077653-cf930cb1-2f89″][/vc_tta_section][vc_tta_section i_icon_fontawesome=”fas fa-language” add_icon=”true” title=”English” tab_id=”1644254077669-4130e32c-64d2″][vc_column_text]

Alexandrina Najmowicz is Secretary General of the European Civic Forum (FCE), network composed of about 100 European associations and NGOs working for democracy and and NGOs working for democracy and associative freedoms in Europe. She looks back at the issues at stake at the Conference for the Future of Europe, of which she is a member, in a context far removed from the founding moments of the European project.
Europe was built on a promise of peace, freedom, well-being and democracy. What is the state of the European project?

Post-war European democracies have derived their legitimacy from the improvement of living conditions and the development of the welfare state for greater equality. Today, the common foundation of values of democracy, equality, solidarity and the rule of law is shaking.

Globalisation has resulted in growing inequalities, precariousness and the invisibilisation of the needs of entire populations. It puts access to rights and services in competition with each other, without any related protection mechanisms, while it creates massive situations of vulnerability.

At the same time, with the intensification of European integration, democratic processes are challenged by an opaque system of governance, as it involves levels and institutions in deciding public policies. The democratic gap has widened despite the checks and balances introduced in the Lisbon Treaty, such as the increased role of European and national parliaments and the establishment of a civil dialogue… which has largely remained a dead letter.

If we look at Central Europe, thirty years after the fall of the Berlin Wall, many people have been left by the wayside, as the success of some has been built on the failure of others. In these countries, transition has been accompanied by mass migration, depopulation and brain drain.

In several countries, democratic consolidation is in retreat, with governments questioning liberal democracy and European Union (EU) standards. More generally, all these factors have contributed to a progressive delegitimization of a democracy that does not meet the needs of collective protections, as deregulation strips states of their power to act socially – except perhaps for the strongest economies.

The European promise of democracy and shared well-being is of course undermined by all this. But national spaces are not an alternative, as they are also plagued by inequalities and social insecurities.

 

How to explain the specific disenchantment with the EU?

The euro crisis of early 2010 was surely a turning point. It was triggered at a time when the EU had unified the economic, financial and, to a large extent, the monetary area with the euro. But the main burden of managing the social consequences of economic difficulties had remained at national level.

Several countries were then severely affected, countries which had a vision of the European Union as an area of solidarity. This time, the European response was not of this nature.

This was seen to the point of caricature with the punitive austerity imposed by the EU on Greece, which has exposed a considerable part of its population to poverty and a long-term public debt burden.

The same was true of Italy, a country where the feeling of adhesion to the European Union was the strongest, a feeling which, in a few months, has been considerably reversed.

We must also understand the electoral polarisations in several countries, between the vote in the large cities and that in the rest of the territory, as reflecting the opposition between those who feel excluded and those who find their place in the EU’s development model.

“By opposing the individual, whom they glorify, to the collective, whom they ignore or denigrate, the European and national institutions deprive themselves of the crucial tool that organised civil society is for building what can make society. This approach only reinforces authoritarianism and populism”. (A. Najmowicz)

I would say that the disenchantments come on the one hand from the feeling of not being on the right wagon to benefit from the European wealth, and on the other hand from a change of perception of the EU as an area of solidarity.

 

Hasn’t the general framework changed with the pandemic?

Yes, and no. The diversity of responses to the effects of the crisis, depending on the time, the country, the subject, the difficulties experienced, means that there is no single answer to this question.

On the one hand, the management of the crisis by many governments and the European Union has reflected a different way of considering the role of the state. The Stability and Growth Pact has been suspended, the European Central Bank has created the massive financing that allows member states to intervene as never before in terms of protection and solidarity, breaking with the permanence of austerity.

On the other hand, the Covid-19 pandemic has shown all the flaws of our unequal societies, fragile economies and democracies. It has once again illustrated how everything is linked, and in particular how vulnerabilities intersect, add up, and increase, this time from a “health” trigger, affecting democracy and the means of living, the right to health and social life. We have seen the extent to which those on the margins have found themselves outside public policies.

While inequalities between European Union countries remained considerable throughout the Covid crisis, even for access to vaccines, the concrete responses provided by public policies were nothing like those taken during the euro crisis, ten years earlier.

If, before Covid was launched, the discussion on the European budget for 2021-2027 was about reducing it by cutting back on solidarity policies between countries, it ended up with an equivalent amount, increased by the inclusion of a common European debt to finance investments in so-called “future” sectors, which will mainly go to help the private sector. On the other hand, no progress has been made on redistribution, social cohesion and vulnerability, even though insecurity is structural for entire sections of the population.

The European project remains unbalanced, pooling the economic, financial and monetary space for the production and concentration of wealth and leaving the social consequences to the countries, each one to manage according to the means it allocates. Thus, the approach of associations, trade unions and social movements will continue to place at the centre of the collective reflection on the future of the European Union the challenges of the relationship between the social, economic and political spheres, for an inclusive society and sustainable development.

This “future of Europe” is being discussed in a Conference of which you are one of the few members sitting on behalf of the associations. Can you tell us what it is about?

The plenary of the Conference on which I sit, which will have to make proposals on the future of the European project, is composed of four hundred and fifty members, mostly European and national parliamentarians and European institutions, together with one hundred and eight citizens (European citizens’ panels), twelve social partner organisations and eight civil society organisations. The Conference, launched in May 2021, comes at a time that associations and trade unions consider critical for the European project. It should bring about real changes and concrete results that contribute to restoring citizens’ confidence in Europe, that give them the certainty that they have a say – both individually and collectively – in the decisions that affect their lives and enable living together in inclusive societies.

As I said earlier, many people in our societies feel left out, have become alienated from politics, and feel that democracy no longer hears them. The short term of the Conference on the Future of Europe will not be able to reverse this trend.

Nevertheless, it could allow institutions to hear the realities experienced by citizens, to hear that the common future can only be based on policies that strengthen security and protection systems.

So far, the tools put in place for this deliberative exercise are not up to the task. The multilingual online consultation platform has so far received around 36,000 contributions – ridiculously few, given the objective of broad citizen participation in the collective reflection. For the most part, it is pro-European or nationalist-identitarian-anti-migrant circles that are submitting contributions. It is difficult to see how the four panels of two hundred citizens chosen by lot, charged with making proposals that will be discussed in the plenary session of the Conference, could alone carry the questions of the citizens. As the process has started and is unfolding, there is no reason to be optimistic.

 

Why is there so little civil society presence?

We are facing a major risk, a reality that our organisations on the ground have to deal with every day. Those who have to struggle on a daily basis to access their rights and those whose rights are denied remain on the periphery of these processes, silent, invisible and disillusioned by a society of unequal relationships. They are not in a position to take hold of the ongoing debate.

And those who are better inserted in society are not spontaneously motivated to participate in a public debate that is presented as being about the functioning of institutions more than anything else.

Moreover, it is difficult to understand at this point how citizens’ contributions will be taken into account and what the scope of the proposals retained and the impact of this deliberation will be. This lack of clarity reflects the lack of motivation of the institutions themselves. It does not encourage broad popular participation.

Because they bring together tens of millions of members, associations and trade unions could, in the richness of their diversity, bring concerns and proposals that come from the realities they observe. Here again, it is difficult to be optimistic when there is no proper mechanism for civil and social dialogue involving them directly.

By opposing the individual, whom they glorify, to the collective, whom they ignore or denigrate, the European and national institutions deprive themselves of the crucial tool that organised civil society is, to build what can make society. This approach only reinforces authoritarianism and a populism that today is often reactionary, advocating identities that exclude rather than include. The shrinking of the civic and democratic space reflects this drift from which almost no European country is immune today.

So are we in a complete deadlock ?

In order to counter this dynamic, European civil society networks have come together in the Convention for the Conference on the Future of Europe and are working together on a shared vision of the future based on a socially just, feminist, sustainable, democratic and inclusive society.

“Because they bring together tens of millions of members, associations and trade unions could, in the richness of their diversity, bring forward concerns and proposals that come from the realities they observe.

But without their own mechanism for civil and social dialogue involving them directly, it is difficult to be optimistic.”

The associations, which have been on the front line during the crisis, close to our communities and to those who suffer, are motivated by what they do. The pandemic teaches us the immense value of solidarity and the common good that are at the heart of the work of NGOs. If the Conference is not able to take into account this contribution of European civil society, its mere existence has at least produced a positive effect, by helping us to work together on cross-cutting issues, beyond the specific themes and fields that each of our organisations covers on a daily basis.

If times are not easy – there is no point in pretending not to see it – it is unthinkable to give up!

 

Interview by Jan Robert Suesser, co-leader of the LDH “Europe” working group[/vc_column_text][/vc_tta_section][/vc_tta_tabs][/vc_column][/vc_row]